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Retour sur la 7e édition de la biennale d’art vidéo et de performance de Palestine /si:n/

Du 19 au 26 juillet 2022, a eut lieu la 7e édition de la biennale d’art vidéo et de performance de Palestine /si:n/. C’est une délégation féminine des Instants Vidéo (la trésorière, la représentante du collectif artistique, une bénévole fidèle et la directrice) qui s’est rendue sur place pour accompagner les œuvres et les artistes et échanger avec les palestinien.ne.s.

Instants Vidéos

Co-fondée par la Fondation A.M. Qattan et Les Instants Vidéo Numériques et Poétiques, le festival a réuni cette année 7 autres partenaires locaux : la Fondation pour l’art contemporain Al-Ma’mal à Jerusalem, le centre d’études et de recherches sur la diaspora Dar Al-Sabbagh, le Centre Dar Yusuf Nasri Jacir pour l’Art et la Recherche à Bethlehem, l’ association Tishreen à Qulunsuwa (à l’interieur des frontières de 1948), la Municipalité de Ramallah (The Ottoman Court House), l’Institut Français de Gaza et l’espace culturel Magazine 28 à Rafah (au sud de la bande de Gaza).
Puisque la circulation des personnes est grandement empêchée en Palestine, et que l’art ne connaît pas de frontière, cette coopération a non seulement permis d’ouvrir le festival à un large public en sillonnant 6 villes (Jérusalem, Ramallah, Bethléhem, Gaza, Rafah et Qulunsuwa), mais aussi de souligner l’unité territoriale palestinienne.

Le choix des propositions artistiques que nous avons fait s’est appuyé sur le projet de la Fondation Qattan qui interroge en 2022 la solidarité culturelle (inspirée du mouvement des non-alignés des années soixante), le Printemps arabe où résonnent les questions de liberté, de démocratie, du rôle des intellectuel.le.s..., et l’universalité de la Question Palestinienne, une allégorie des mouvements mondiaux de lutte contre l’impérialisme, le colonialisme, le droit à l’auto détermination...
Ainsi, la programmation d’art vidéo (17 films issus de 12 pays) fut imaginée en deux volets : le 1er nous a invité à observer la notion de pouvoir, inséparable de celles de liberté et de résistance ; puis nous sommes allés explorer les normes de genre, les standards de beauté, la répartition traditionnelle des rôles…. A chaque étape dans les 6 villes, les projections furent suivies d’un échange intense avec les spectateur.rice.s. Il s’agissait parfois de partager des questionnements, des expériences intimes où les similarités nous rapprochaient. A d’autres moments, les œuvres ont fait écho aux situations particulières spécifiques à ce territoire (le racisme et l’apartheid par exemple). Souvent, nous avons parlé du langage poétique, des compositions chromatiques ou sonores, du rôle des images.... A Gaza, un public de plus de 60 jeunes personnes nous a embarqué dans une discussion de plus d’une heure, tant sur la forme des films que sur leur contenu. Un jeune spectateur nous a fait le très beau retour suivant : « La poésie existe partout, je ne fais que la rassembler. L’art existe partout et vous l’avez rassemblé dans ces programmations » .

Denis Cartet

En parallèle, pendant 7 jours, deux installations vidéo ont investit l’Institut Français de Gaza et un nouvel espace artistique à Rafah, 28 Magazine, créé par et pour les jeunes artistes et écrivain.e.s en recherche de nouveaux langages et outils de résistance et d’engagement avec le réel.

Enfin, le festival a accueilli 3 performances.
La Bulle non alignée, où dans un geste géopoétique, l’artiste marseillais Denis Cartet a proposé un show audio-vidéo live sur une bulle géante, qui fut présenté sur les toits de la vieille ville de Jérusalem, puis sur la terrasse de la Fondation A.M. Qattan à Ramallah et sur la place de la Nativité à Bethléem.
Dans sa performance Quand je n’aurais plus rien à dire…, Sarah Violaine (France) s’est penchée sur la question du corps comme arme de revendication à lui seul. Sans mots, ce que le corps représente de par son genre, son sexe, son origine ethnique, son apparence.
Et pour donner une note plus festive à la biennale, un DJ’s set de deux artistes slovènes Borka et Lavka fut accompagné par un live audiovisuel de 4 artistes palestiniens (Firas Abu Sirriyeh, Amani Yaqob, Yasmine Omari, Bashir Massad and Motasem Siam) toujours à la Fondation Qattan.

Sarah Violaine

De nos rencontres passionnées et passionnantes, nous sommes revenues avec des questions, ponctuées par une certitude, la Palestine n’est pas ce que les médias veulent bien nous montrer. Nous avons rencontré des femmes, des hommes et des enfants qui n’aspirent qu’à vivre dignement malgré un contexte totalement inhumain. Nous avons rencontré des personnes pleine d’humour, de générosité et de curiosité au monde.

Alors bien sur, il y aura un retour de Palestine. Pour nous la coopération c’est aussi des aller-retour entre le là-bas et notre territoire d’ancrage, Marseille. Ainsi, pour la 35e édition du Festival Les Instants Vidéo à la Friche la Belle de Mai (9/12 novembre 2022), nous proposerons aux habitant.e.s de Marseille une performance de Sarah Violaine, la bulle de Denis Cartet et une projection de films d’artistes de Palestine. (www.instantsvideo.com).
Le festival fera ensuite escale à Gaza et Rafah pour une projection internationale suivi d’une discussion en visioconférence avec l’équipe artistique des Instants Vidéo.

« La poésie est une arme chargée de futur », disait le poète turc Nazim Hikmet, tout comme l’art vidéo disons-nous.

Pour en entendre plus, vous pouvez écouter l’émission « 1 heure en Palestine » sur Radio Gàlère :
https://radiogalere.org/?playlist=1-heure-en-palestine-07-09-22&fbclid=IwAR1KEcNcbRBQhK6LgGMaPqkLob_UTjFUZSwFqWQqR5w0AzAd6zj1-Ye8v6k

Nous tenons à remercier tou.te.s les artistes qui nous ont confié leur travail :
Élodie Merland (France),Cyril Galmiche (France), Shahrzad Arshadi (Québec), Miguel Rozas Balboa (Chili), Dasha Brian (Pologne), Rojin Shafiei (Iran), Alessia Travaglini (France), Genadzi Buto (Bielarussie), Daniel Locus (Belgique), Jean-Gabriel Periot (France), Agnieszka Niklewska (Pologne/GB), Adama Delphine Fawundu (Belgique), Mahdi Kamranirad (Iran), Milica Denkovic (Serbie), Kika Nicolela (Brésil/Belgique), Virginie Foloppe (France), Giulia Giannola (Italie), Lamathilde (Québec/Canada), Juliana Erazo (Pays-Bas), Sarah Violaine (France), Denis Cartet (France)

Article rédigé par Naïk M'Sili / Directrice exécutive des Instants Vidéo Numériques et poétiques

VJ