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Journée d'échanges et de formation sur l'éducation à et pour l'ESS

Nous sommes le mardi 1er juin 2021 et c’est la première fois que la Ligue de l’enseignement s’associe à l’ESPER dans notre académie afin de proposer un temps d’échanges sur l’ESS (Economie Sociale et Solidaire). L’ESPER signifie « l’Economie Sociale Partenaire de l’Ecole de la République », cette association nationale regroupant plus de 43 organisations de l’ESS (mutuelles, associations, coopératives et syndicats) a pour mission d’agir pour l’éducation à et par l’Economie sociale et solidaire en milieu scolaire avec ses membres et ses partenaires.

Elle met à disposition des outils pédagogiques et accompagne les équipes éducatives dans la découverte du modèle, des pratiques et principes citoyennes des entreprises de l’ESS. Pour la Ligue de l’enseignement des Bouches du Rhône, reconnue comme actrice importante de l’ESS dans le département avec plus de 324 équivalents temps plein, il était important de passer par cette étape de co-organisation d’un temps d’échanges et de formation sur l’ESS afin de participer à l’apprentissage des citoyens de demain à ce sujet.

Mais l’ESS qu’est-ce que c’est ? C’est tout récent ? C’est à travers des questions comme celle-ci que nous avons introduit notre journée de formation sur l’éducation à et pour l’ESS. A travers des mots-clés comme les valeurs, la démocratie, l’intelligence collective, entreprendre ensemble… la douzaine de participants issus des Ligue de l’enseignement de l’académie d’Aix-Marseille, de l’ESPER, de la MGEN ou encore la MAE ont ensuite travaillé sur une définition de l’ESS. Grâce aux éclairages de Nadine Richez-Battesti, maître de conférences en sciences économiques à l’Université d’Aix-Marseille et chercheure au Lest-CNRS (Laboratoire d’économie et de sociologie du travail), nous avons pu collectivement définir l’ESS. Une des participantes définit l’ESS comme « replacer l’humain au cœur de l’économie. »
Nous retiendrons notamment la libre adhésion, la gestion démocratique, l’acapitalisme, l’intercoopération, la qualité des services et des produits offerts ainsi que la solidarité entre les membres.
Entre échanges théoriques et pratiques, Nadine Richez-Battesti nous retrace l’histoire de l’économie sociale dans le temps. Nous vous l’avions présenté dans notre article « Qu’est-ce que l’ESS » (http://const.assoo.org/ess/qu-est-ce-que-l-ess), quatre grands acteurs historiques font partie de des familles de l’ESS : les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations.

Acteurs de lESSLeurs histoires respectives ne datent pas d’hier mais leur rassemblement au sein d’une même branche, celle de l’ESS, est plutôt récente puisque cela date de la Loi Hamon de 2014. Cette dernière définit l’ESS comme « un mode d’entreprendre et de développement économique » qui remplissent les conditions suivantes :
1° Un but poursuivi autre que le seul partage des bénéfices ;
2° Une gouvernance démocratique, définie et organisée par les statuts, prévoyant l'information et la participation […] des associés, des salariés et des parties prenantes aux réalisations de l'entreprise ;
3° Une gestion conforme aux principes suivants : a) Les bénéfices sont majoritairement consacrés à l'objectif de maintien ou de développement de l'activité de l'entreprise ; b) Les réserves obligatoires constituées, impartageables, ne peuvent pas être distribuées.
(Extrait de l’article 1 de la LOI n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire)
Les échanges qui en découlent sont nombreux et amènent de nouveaux sujets de discussion :

  • « En tant qu’association, nous nous préoccupons plus souvent de l’usager pour lequel nous mettons en place nos actions, plutôt que le salariat qui met en œuvre »
  • « Est-ce que toutes les associations font partie de l’ESS ? → Selon la loi Hamon sont comptabilisées les associations qui ont a minima un salarié ; donc 80% des associations en France ne sont pas comptabilisées dans l’ESS.
  • Le label ESUS pour les entreprises
  • La question du salarié militant
  • Les biens communs et la différence entre propriété collective et propriété individuelle
  • La démocratie au cœur de l’ESS
  • La place de l’usager et la place de l’enfant dans la pédagogie ESS


Nous réalisons même que le grand point commun entre l’ESS et l’éducation populaire est autant la finalité (l’émancipation), que le les processus de mises en œuvre.

Après un « repas ESS », c’est à dire un repas commandé chez un traiteur qui propose une cuisine de saison à base de produits bio et locaux en circuits courts, le tout au Parc Longchamp, nous reprenons l’après-midi avec un débat mouvant sur « les idées reçues de l’ESS », jeu pensé pour des collégiens et/ou lycéens. L’ESPER, représentée par Elisabeth Teissier et Célia Attabary, nous présente les enjeux de l’éducation à l’ESS, la place de l’enfant dans ceux-ci ainsi que les dispositifs pour éduquer à l’ESS. Deux temps forts sont mis en valeur dans l’année :
• « Mon ESS à l’école » : https://lesper.fr/mon-ess-a-lecole/
• Et la « Semaine de l’ESS à l’école », tous les ans au mois de mars :
https://semaineessecole.coop/
davPuis nous nous sommes répartis en deux groupes pour continuer à mettre en pratique des ressources proposées par les membres du réseau de l’ESPER à faire avec les enfants et les jeunes. Nous avons notamment expérimenté la création d’une entreprise collective par le jeu « EVA » (Entreprise à Valeur Ajoutée : https://semaineessecole.coop/loutil-pedagogique-le-jeu-entreprises-a-valeurs-ajoutees/). Comme le site internet l’indique, ce jeu a pour objectif de faire saisir la complexité de la prise de décision en entreprise aux participants tout en faisant découvrir progressivement l’Economie Sociale et Solidaire. Les joueurs vont créer en équipe une entreprise dans laquelle chacun endosse un rôle. Il n’y a pas de gagnant ou de perdant. Alors qu’un des groupes a créé une coopérative nommée « COOKEVA, avec le cookeva tout va » (biscuits artisanaux et bio), le second groupe a cherché comment recycler les masques…pour en faire des tongs ! Cette simulation d’entreprise consiste, pour les joueurs, en une succession de débats et décisions autour des cartes choisies, et de présentations auprès des autres équipes.
Notre bilan de la journée se révèle être très positif, les participants ont énormément apprécié la qualité et la richesse des enseignements de Nadine Richez-Battesti, ainsi que l’organisation entre théorie et pratique le tout dans une dynamique collective et d’écoute. Ils attendent déjà la seconde journée de rassemblement ! Nos objectifs de se rencontrer entre acteurs de l’académie d’Aix-Marseille impliqués (ou volonté de l’être) auprès de l’ESPER, de créer une culture commue de l’ESS et de se fédérer autour de l’éducation à et pour l’ESS sont atteints et ne demandent qu’un 2ème round.

En savoir plus sur l’ESPER : https://lesper.fr/
Découvrir les ressources pédagogiques : https://lesper.fr/ressourcess/

Article de Clotilde Martin, responsable adjointe du service vie associative de la Ligue de l’enseignement des Bouches du Rhône.