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Épisode 1 : les monnaies locales, qu’est-ce que c’est ?

les monnaies locales complementaires passent au numerique

Aujourd’hui, et pour les quelques mois à venir, on aimerait partager avec vous une découverte, celle d’un système parallèle qui ne cesse de se déployer et qui demeure pourtant très peu connu du grand public. Ce dispositif, c’est celui des monnaies locales.

Épisode 1 : les monnaies locales, qu’est-ce que c’est ?

Pour ce premier épisode, on va prendre le temps, et chercher à comprendre ce qui se cache derrière ce terme. Découvrez la totalité de l'article à la suite.

Si on se réfère à la définition donnée par le ministère de l’économie, une monnaie locale est “une monnaie complémentaire de la monnaie officielle, l'euro”. Jusque-là, c’est plutôt limpide. Toutefois, s’en suivent une multitude de questions sur son origine, les justifications de son existence, son fonctionnement… auxquelles on va tenter de répondre ici.

Quelles sont les origines des monnaies locales ?

À vrai dire, ce type de monnaie existe depuis très longtemps. En effet, dès le Moyen-Âge, il était courant d’utiliser une monnaie “annexe”, une monnaie liée à une ville. Cette pratique n’avait pas de nom, elle allait de soi dans une France morcelée, les coutumes de chaque partie du territoire étant très fortes.

Ce n’est qu’à partir de la crise économique de 1929 que la notion de “monnaies locales” fait surface, sans pour autant dépasser la théorie pour s’immiscer dans la pratique. Dans les années 90, c’est dans le travail du philosophe et essayiste altermondialiste Patrick Viveret qu’on va puiser les ressources nécessaires pour inscrire les monnaies locales dans le quotidien. À partir de ses réflexions, les monnaies locales font l’objet d’expérimentations. La monnaie SOL (solidaire) voit le jour en 2007.

- La monnaie SOL -

“Il s'agit d'une monnaie complémentaire qui vise à replacer l'argent comme moyen et non comme une fin. Leur objectif est l'appropriation citoyenne de la monnaie. C'est aussi une monnaie fondante qui lorsqu'elle n'est pas utilisée est réaffectée collectivement à des projets d'utilité sociale et écologique. Elle s'appuie sur le réseau Sol, ensemble des entreprises et partenaires qui adhèrent à cette monnaie”.

À la différence des monnaies locales actuelles, et pour des raisons notamment financières, la monnaie SOL reste centralisée, l’autonomie des territoires est alors faible.

Il faut attendre encore quelques années pour que d’autres structures s’en saisissent. Les monnaies locales dont on veut vous parler aujourd’hui tirent leur origine dans le milieu associatif, aidé par des structures de l’économie sociale et solidaire, mais aussi par des collectivités territoriales.

Pourquoi créer des monnaies locales ?

La création des monnaies locales par le milieu associatif est une réponse à plusieurs problèmes : “désertification des petits commerces, délocalisation de l’économie, chômage, pollution liée au transport long de certains produits, perte de liens sociaux et de cohésion sociale…” autant de dysfonctionnements devenus permanents, sur lesquels nous avons parfois l’impression de n’avoir aucune prise à notre échelle.

Se saisir de la monnaie comme l’a fait l’économie sociale et solidaire, c’est comprendre que la monnaie est un “outil d’échange” qui a des “fonctions sociales (paix, communauté, liens)” et des “fonctions politiques (symbole, financement, régulation)”. Il s’agit de se réapproprier un système en lequel on ne croit plus vraiment, et le transformer en quelque chose de mieux, en quelque chose qui répond à des attentes sociales.

“Elles (les monnaies locales) sont sans doute parmi les moins connues et comprises de ces initiatives, sans doute parce que leur émergence a été moins rapide et spectaculaire que les autres, que leur signification et leurs objectifs apparaissent plus difficiles à identifier et que la mobilisation d’outils monétaires heurte d’emblée une représentation sociale forte, celle de la souveraineté.”

Pour autant, utiliser les monnaies locales, le tissu associatif y voit un moyen de “dynamiser les échanges locaux, maintenir l’économie sur le territoire et avoir du pouvoir sur l’économie locale, soutenir et créer de l’emploi, réduire l’impact écologique de l’économie, favoriser la solidarité et les échanges, consommer autrement…”.

Il s’agit de trouver des réponses locales à des besoins locaux, qui sont donc par essence différents selon l’endroit où on se trouve.

Ainsi, la logique est double : palliative puisqu’il s’agit d’améliorer l’existant, et contestataire puisqu’il s’agit de contester les règles du système actuel.

Que dit la loi sur les monnaies locales ?

Depuis 2014, les monnaies locales disposent d’un véritable cadre légal. En effet, on les retrouve dans la loi du 31 juillet de la même année relative à l’économie sociale et solidaire. Ainsi, elles sont cantonnées au secteur associatif.

“Art. L. 311-5. - Les titres de monnaies locales complémentaires peuvent être émis et gérés par une des personnes mentionnées à l'article 1er de la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire dont c'est l'unique objet social”.

Comment fonctionnent les monnaies locales ?

“Une monnaie locale ne peut être utilisée que sur un territoire restreint : ville, région, et ne concerne qu’un éventail réduit de biens et services. Elle est mise en place par une association qui en assure la gestion avec l'aide d'un établissement financier. On ne peut payer avec la monnaie locale que certaines marchandises.

Une monnaie locale peut servir à payer des achats du quotidien dans le cadre du commerce de proximité, de la vente de produits locaux.

Il n'est pas possible de déposer de la monnaie locale sur un compte en banque.

Pour s'en procurer, il est nécessaire d'adhérer à une association porteuse d'un projet de monnaie locale. Auprès de cette association, on peut se procurer la liste des commerces qui acceptent le paiement en monnaie locale”.

Pour avoir une idée du fonctionnement concret des monnaies locales, retrouvez-nous le 15 mai prochain. On vous parlera de la Roue, monnaie locale marseillaise.

Kimberly Morin et Clotilde Martin