Partir à la découverte d’un autre monde, à sa hauteur…
[ L'image de l'article est un panneau réalisé en autonomie par les enfants du centre de loisirs d’Aubagne - Août 2022]
Je me présente : Émilie, étudiante en Master 2 ESS à la faculté d’économie d’Aix-Marseille, et actuellement en stage à la Ligue de l’Enseignement des Bouches-du-Rhône.
ESS ? Pour « Économie Sociale et Solidaire ». Oui, tout à fait, l’économie peut être humaniste, et c’est même un enjeu de cohésion sociale que de la mettre à jour. Puisqu’il s’agit d’une économie basée sur la coopération, porteuse de solidarité et de démocratie : des valeurs (plus que jamais ?) indispensables, les clés d’une société plus apaisée.
De la cohésion, il y en avait dans le centre de loisirs aubagnais qui m’a si chaleureusement accueillie (le centre de loisirs Nelson Mandela). L’équipe, portée par la bienveillance et l’enthousiasme de son directeur, Frédéric NAIT SIDOUS, s’est montrée en effet continuellement soucieuse de développer un bien-être collectif en interaction avec l’individuel.
Pour autant, nous avons très vite fait le constat ensemble que – « chassez le naturel, il revient au galop » : les relations entre les enfants se laissaient régulièrement parasiter par la compétition et la comparaison. Des réflexes, à dire vrai, qui ont la dent dure dans nos inconscients. Certainement les stigmates d’une société depuis trop longtemps soumise à l’orthodoxie néo-libérale… L’enjeu de taille a été de proposer des activités leur démontrant, par l’action, que l’efficacité peut venir aussi de l’organisation commune ; et même que l’union fait la force. Une organisation collective au nom de l’intérêt général, sans opposer l’individuel : voilà toute la subtilité de cet autrement économique.
Et c’est parmi les thèmes variés qui font la richesse de l’ESS que nous avons pu vivre des expériences ludiques, ensemble. Remonter le fil de l’eau en prétextant une chasse au trésor et découvrir qu’elle est un bien commun qu’il nous faut protéger.
Se laisser prendre au jeu de l’art éphémère et questionner par-là même nos modes de consommation : A-t-on forcément besoin d’acheter pour créer ? Clairement non, quand on voit la beauté des œuvres qu’il en a résulté, au point de vouloir les exposer fièrement. Mais pas question cette fois-ci de repartir avec « sa » création : la plupart avaient été réalisées collectivement ; surtout, les enfants étaient trop contents de pouvoir les partager avec le public visiteur. Un autre bien à mettre en commun !
Évidemment, les questions écologiques étaient au rdv : quelle seconde vie donner aux déchets ? Pourquoi ne pas les transformer en instruments de musique ?! Fabriquer un kazoo avec deux bâtonnets de glace ; ou une guitare à partir d’un bidon de lessive ; ou encore des castagnettes en recyclant des rouleaux de papier toilette. Nous l’avons fait et nous avons joué ! Peu importe les quelques fausses notes puisque, l’harmonie, nous avons fini par la trouver !
Autre thématique qui a beaucoup retenu notre attention : celle du développement durable. C’est ainsi que, à partir d’une fresque géante à colorier, nous avons imaginé la ville de demain avec les moyens d’aujourd’hui : des jardins potagers à proximité des écoles, bureaux permettant de s’alimenter localement ; des panneaux solaires et éoliennes pour « verdir » notre consommation d’électricité ; des transports doux afin de limiter notre empreinte carbone ; etc. Car, en effet, nous, humains, avons un impact sur la planète. Nous avons surtout le pouvoir de la préserver.
J’ai démarré cette semaine en pensant devoir organiser, planifier la solidarité, tant elle vient à manquer à notre époque, dit-on, du repli sur soi. Cependant, au contact des enfants, je me suis souvenue qu’un grand nombre d’enseignant.e.s – dont j’ai fait partie – ou d’éducatrices, éducateurs font de l’éducation à la solidarité, comme M. Jourdain faisait de la prose. Non par manque de professionnalisme. Mais parce que la solidarité, c’est d’abord et avant tout, un élan d’amour. De l’amour, les enfants en débordent. Nul besoin de les titiller longtemps : il suffit de les mettre en situation d’exprimer cette solidarité, en créant les espaces « pour » ; et laisser la magie opérer. Ce que permet grandement l’ESS.
SOLIDAIR(E) : c’est avec ce mot présent sur toutes les lèvres des enfants que la semaine s’est clôturée. Dans le plaisir et l’envie de prendre soin de nous, les uns des autres, de notre environnement.
Un immense merci à Frédéric, son équipe, ainsi qu’aux enfants du centre de loisirs Nelson Mandela d'Aubagne pour leur curiosité et leur confiance.
L’avenir ne peut naître que de la jeunesse, car elle est notre avenir : Éduquons-la « à » et « par » l’ESS – à la fois modèle économique et méthode pédagogique.
Partons ensemble à la découverte d’un autre monde économique ET social ET solidaire ; sans appétit démesuré, à notre hauteur.
[Séance de massage improvisée par les enfants – Août 2022]