Ce qui pousse après le feu - GR2013

Article rédigé par l'association GR2013

Souvenez-vous : avant l’été, notre dernière infolettre vous proposait un joyeux retour en vidéo sur le Bivouac Sunrise, qui s'était tenu dans l’écrin de verdure de la Maison Lull (terrain dont la gestion venait de nous être confiée). Revoir ces images aujourd’hui laisse un drôle d'arrière-goût de cendres...

Un rembobinage s’impose : le 8 juillet 2025, un feu partant des Pennes-Mirabeau et poussé par un Mistral à 70 km/h atteint les quartiers Nord de Marseille. Plus de 700 hectares de végétation partent en fumée, et plus de 80 maisons sont détruites ou gravement endommagées. Les semaines suivant l’incendie, les habitants, traumatisés, solidaires aussi, et pleins de questions, organisent des rencontres. On les retrouve le 23 juillet à Miramar pour une discussion ici documentée par Hôtel du Nord. Un besoin commun émerge : celui de mieux comprendre le feu. Quels sont ses modes de propagation, quels sont les risques après son passage, que devient le sol, comment l'appréhender collectivement et politiquement pour les années à venir ?

Retour au 8 juillet, où à plusieurs kilomètres de cet incendie, un autre départ avait lieu sur la colline de Mirabilis à Sainte-Marthe. Un feu sans commune mesure, mais qui aurait pu prendre de l'ampleur si les agriculteur·ices n'avaient pas lutté contre les flammes pendant de longues heures. Bravo à elles et eux. Au milieu de ces terres, le terrain de la Maison Lull n’a, lui, pas été épargné : la majeure partie de sa végétation, ainsi que celle du bassin, a brûlé. On pense aussi à la cabane d’Elsa Noyons dont les belles tentures sont parties en fumée.

Alors, après notre pause estivale, nous sommes retourné·e·s à Lull cette semaine pour regarder le nouveau visage de ce que nous voulions être un terrain pédagogique de plein-air. Sur les sols incendiés, à peine deux mois plus tard, il y avait déjà des royaumes souterrains de fourmis, des petits animaux reprenant leur activité, et plein de rejets tout verts sur les souches calcinées. On s'est un peu attendri·e·s et, encore une fois, on s'est posé beaucoup de questions, jusqu'à ce que se dessinent les contours de ce qu'on aimerait être une école du feu : l'observation de l'écologie du feu dans nos territoires, par les marches et les rencontres entre habitant·e·s, et par le soin et l'observation du terrain Lull. Car il nous semble que mieux le connaître nous rend plus capables d’agir et de vivre avec.