Polly Maggoo - Retour sur la 15ème édition de RISC
La 15ème édition du festival RISC (Rencontres Internationales Sciences et Cinéma) s’est tenue à Marseille du 10 au 14 décembre derniers. Ces rencontres, organisées par l’association Polly Maggoo depuis 2006, ont pour particularité de mettre en avant des films et courts-métrages dont les thématiques et la réalisation sont particulièrement imbriqués dans un ou plusieurs champs de recherche scientifique.
Le jeudi 12 décembre aux Variétés, la thématique de la mémoire était à l’honneur. Deux courts-métrages ont été diffusés : Acts of memory de la réalisatrice Irlandaise Mairéad McClean, et La maison d’en face d’Adrien Charmot.
La maison d’en face est un hommage à l’enfance du réalisateur. C’est en effet dans cette maison qu’il a trouvé refuge lorsqu’il était plus jeune et voisin du lieu. Celui-ci y redécouvre l’accueil par une communauté de sœurs de nombreux enfants, autrefois d’enfants abandonnés ou porteurs de handicap. Communauté dans laquelle vit toujours Jean-Pierre, son ami d’enfance. Les années ont passées et désormais les sœurs viennent en aide à des mineurs non accompagnés.
Acts of Memory porte pour sa part sur les archives détruites en 1922 dans l’incendie des Four Courts de Dublin. La réalisatrice a ainsi mené une véritable enquête afin de relater une histoire disparue. Il en ressort une étude très détaillée du travail d’archiviste, entre reproduction des gestes et des sons de l’époque, avec pour toile de fond celui de l’explosion de la bombe ayant anéanti des siècles de mémoire collective irlandaise. L’innovation est également au cœur de la réflexion.
Mairéad McClean, présente lors de la diffusion aux Variétés, a expliqué qu’elle avait souhaité avoir recours à une intelligence artificielle (IA) pour la voix off. Comme un parallèle à l’immense travail de collecte des documents détruits lors de l’incendie, désormais accessibles dans le « Trésor Virtuel », impressionnante reconstitution du bâtiment en réalité virtuelle. La réalisatrice oscille ainsi entre un puissant hommage à l’histoire et une approche résolument moderne.
Une vision qui n’est pas tout à fait déconnectée de la réalité selon Véronique Ginouvès, ingénieure de recherche CNRS et responsable du secteur Archives de la recherche / Phonothèque de la Médiathèque SHS de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH) à Aix-en-Provence : les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans ce champs de recherche : par exemple, il existe un programme de lecture de textes médiévaux arabes par une IA, qui permet aux archiviste un travail plus efficace tout en évitant la manipulation.
La chercheuse, présente lors des échanges, a tenu a rappeler le rôle ambivalent des archivistes, qui détruisent progressivement des archives dans le même temps qu’ils et elles les collectent et les trient. En effet, « à chaque fois qu’on touche une archive, on la modifie ».