APECB: Retour sur le printemps de la danse
Depuis 1997, le « Printemps de la Danse » est un événement vivement attendu par les populations des 13ème et 14ème arrondissements où peu d’espaces culturels sont implantés ainsi que par les institutions de danse. Cette année, cela s’est passé en trois temps. Le premier présenté par la compagnie Kader Attou, que la directrice de l’association APECB n’hésite pas à qualifier du Mozart de la scène hip hop, affichant COMPLET depuis environ six mois, la compagnie S’POART et les danseurs solos des Cie Sun of Shade et Cie Ayaghma. Le festival a été, comme chaque année, un succès, et les places vacantes, rares. Pour la première année, le festival se déroulait au Théâtre du Merlan, partenaire de l’APECB.
Comment était-ce ? On vous raconte !
Le jeudi 17 mai au soir, une croix rouge était notée dans mon agenda. Latifa que je devais rencontrer le lendemain pour une interview, nous a conviées pour la dernière représentation du Printemps de la Danse. J’y vais en ne consultant que vaguement le programme, non pas par manque d’intérêt, mais parce que je suis de celles qui évitent les quatrièmes de couverture afin de garder la saveur de la surprise. Une fois les billets empochés, il me reste quelques minutes pour découvrir l’exposition Des Histoires d’Amour à Marseille, au Théâtre du Merlan et profiter de l’ambiance élégante et enthousiaste qui précède l’entrée dans la salle noire. La porte s’ouvre, la file se répartie dans les sièges. J’apprécie le placement libre, qui ne cantonne pas les moins privilégiés à une vision altérée. Ici, la culture se veut démocratique, comme Latifa Remadnia, l’organisatrice me le détaillera lors de notre rencontre.
SLAVE, Cie Sun of Shade
Plongés dans le noir, le spectacle commence. Les regards des spectateurs convergent tous vers un point central au centre de la scène. On devine davantage que l’on ne voit, un corps distordu que la lumière fait apparaître comme un organe qui se meut. Un cœur battant irrégulièrement. Et puis peu à peu le corps du danseur reprend son humanité. Plus humanoïde qu’humain, c’est un corps électronique qui semble subir le programme d’algorithmes et qu’il essaye de contrer. Pour suppléer, on entend une litanie en chuchotement qui nous plonge dans un enfermement mental, celle-ci nous répète l'individualisme et le cynisme dans lequel nous sommes plongés au quotidien.
PARADOXAL WILD – L’indicible histoire de nos sourires
Après l’entracte, nous retrouvons nos places. Un jeu de lumière presque stroboscopique nous laisse découvrir, tout comme le premier spectacle, le corps du danseur de manière fragmenté, incertaine. Très masculinisé, il se meut dans la salle dans des mouvements énergétiques et acrobatiques. Nous apprenons par la suite que la technologie s’est révoltée ; l’ordinateur sensé projeté la vidéo qui va avec la chorégraphie a grillé. Cependant, nous n’y avons vu que du feu tant la danse était hypnotisante, nos sens étant déjà nourris. Le spectacle s’est fini dans une plongée onirique, où la virtuosité de la lumière allié à un dispositif de fumigène nous emporta tantôt dans l’espace, tantôt dans un espace aquatique, mais dans tous les cas, jamais sur Terre.
Je suis sortie de la salle émerveillée par l’énergie des danseurs, et la créativité des dispositifs techniques. C’était un savant mélange de Hip hop et d’influence de danse contemporaine qui nous a été donné de voir.
Témoignage de Neylan TOPKAYA