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Retour sur le Festival Paroles Indigo

Retour sur une journée du festival Paroles Indigo à Arles, le 27 octobre 2022. Une journée riche en discussions et lectures autour d'oeuvres d'artistes marocain.e.s telles que Zainab Fasiki et bien d'autres.

L’association

Paroles Indigo est une association culturelle créée en 2009 et basée à Arles dont le but est de faire la promotion d’auteurs, artistes et éditeurs issus des mondes arabe et africain.
Parmi ces plus gros projets, l’association organise chaque année le festival littéraire du même nom à Arles et Tarascon. Depuis 2021, elle a également créé « l’African Book Truck », une librairie et bibliothèque mobile mettant en valeur la littérature africaine. Tout au long de l’année, l’association travaille en partenariat avec des centres sociaux, établissements scolaires, résidences d’auteurs/artistes etc.


Le Festival


En 2012, elle crée le Festival Paroles Indigo dans le but de faire la promotion d’artistes venant du continent Africain. Le festival se déroule en deux temps : d’abord à Arles, puis dans le pays d’origine mis en avant chaque année.

La 9ème édition de Paroles Indigo a donc eu lieu le jeudi 27 octobre 2022. Et c’est sur le Maroc que cette édition a été dédiée. Le deuxième temps du festival prendra place à Essaouira du 8 au 10 décembre. Nous nous sommes donc rendus à Arles afin de partager une journée de ce festival unique dans la région. Au programme : un goûter conté par Halima Hamdane, une conférence avec pour invité d’honneur Zainab Fasiki et enfin une séance de lecture dans la Librairie Les Grandes Largeurs avec Zainab à nouveau, Nouzha Guessous, Emmanuelle Sarrazin et Simona Gabrielli.

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La conférence


La conférence a donc eu lieu à 15h45 dans un amphithéâtre à l’Espace Van Gogh, lieu emblématique de la ville de Arles. Des étudiants sont déjà installés tandis que nous les rejoignons, suivi des organisateurs du festival et enfin l’artiste bédéiste Zainab Fasiki. Son livre intitulé « Hshouma » en est le sujet principal. Zainab se présente et nous présente son travail, fortement porté par son activisme pour les luttes féministes au Maroc. Elle nous fait part des motivations, observations et difficultés qu’elle a rencontrées dans son parcours. En effet, diplômée ingénieure d’état en mécanique, c’est finalement au dessin qu’elle s’est consacrée, notant les discriminations quotidiennes auxquelles elle, et bien d’autres femmes sont sujettes. « Mon genre dérange la société » nous dit-elle.
L’artiste a commencé à représenter son corps nu, non par provocation ou même par conviction politique, mais comme thérapie. Son but est à présent de lui donner de la visibilité, de le normaliser. Le corps féminin étant politisé, sexualisé, mais rarement vu comme tel : un corps humain. Ainsi, son but est de déconstruire petit à petit les tabous et non-dits liés au genre, aux croyances et à la sexualité. Des tabous responsables de disparités sociales fortes, de silences et de frustrations qui laissent place à une violence impactant certes toute la société, mais les femmes en premier. « Hshouma » est un terme en darija (dialecte maghrébin) qui désigne « la honte ». Ces observations ne sont cependant pas uniques au Maroc, et résonnent dans le monde entier, comme a pu l’observer Zainab dont le travail a eu un succès international, notamment grâce aux réseaux sociaux. Elle garde espoir que les choses peuvent changer pour le mieux, et encourage chacun d’entre nous à lutter à notre manière. On peut déjà constater une évolution de ces tabous, qui n’aurait pas lieu sans le crayon d’artistes comme Zainab et de bien d’autres femmes encore.

montage_2.pngPremières Lectures 


Suite à cette conférence, nous nous sommes rendus à la librairie Les Grandes Largeurs pour les Premières Lectures. La chercheuse et consultante en bioéthique et droits humains, Nouzha Guessous, était la première personne à prendre la parole. Elle commence la lecture en lisant un passage "Rêves de femmes : une enfance au Harem", de Fatima Mernissi. A travers sa lecture, on remarque l’aisance et l’humour dans l’écriture de l’auteure, révélant avec détail des aspects de la culture marocaine trop subtiles sans doute pour un œil extérieur.
Zainab Fassiki nous parle à son tour du livre « Les questions qui fâchent » de Asma Lamrabet, visant à questionner, clarifier et faire part des différentes idées conçues ou préconçues de la femme dans l’islam.
Simona Gabrielli, fondatrice des éditions Alifbata nous fait part de la manière dont elle a reconstitué les dessins de Abdelaziz Mouride, ayant représenté en bande dessinée le roman classique "Le Pain nu" de Mohamed Choukri. Emmanuelle Sarrazin fini les lectures en nous parlant du roman de Mohamed Nedali intitulé « Grâce à Jean de la Fontaine ».
Bref de quoi rassasier les avides lecteurs, comme les débutants qui souhaiteraient se familiariser avec les chefs-d’œuvre de la littérature marocaine.


La journée se termine donc ainsi, avec quelques photos, livres dédicacés et discussions qui se poursuivent dans la soirée à l’extérieur de la librairie. Je rentre quant à moi à Marseille, avec le livre « Hshouma » en main.

En savoir plus sur Paroles Indigo : https://parolesindigo.fr/

 

Article de Inès Bouhouche, volontaire en service civique.