DODESKADEN, LABORATOIRE DE DIFFUSION : PORTRAIT D'ASSO
En ce début d’année 2022, je me rends à la rencontre de Dodeskaden, un laboratoire de diffusion, une association située dans 2e arrondissement de spécialisée dans la programmation cinématographique. Je suis accueillie par Julien, Clara, Mika et Justine qui m’ont présenté leurs locaux ainsi que le principe de leur association.
Créée à Lyon il y a une dizaine d’années, la structure est au commencement une sorte de « squat cinématographique » proposant une programmation à flux tendu durant les quatre premiers mois afin de positionner le cinéma d’une manière différente. Elle migre ensuite à Marseille où Dodeskaden est remontée sur de nouvelles bases et devient un laboratoire de diffusion cinématographique.
En premier temps, Dodeskaden commence par investir des lieux, allant de petites structures indépendantes à de plus grosses organisations telle que le Mucem, pour y présenter des programmations et des projections de cinéma étendu avec du cinéma expérimental, mais également des dispositifs sonores.
Au fur et à mesure du temps, ils récupèrent des fonds cinématographiques de pellicules en 16 millimètres issus de la fédération des cinémathèques de la Ligue de l’enseignement, cette dernière étant la plus grande fédération de ciné-clubs en France, agissant en centre de répartition de pellicules dans la région.
Dodeskaden a donc eu pour mission de cataloguer ce fond et de remettre les films en circulation dans les différents réseaux d’éducation populaire (écoles, prisons, centres sociaux, …). La structure a alors mis près de trois ans à cataloguer l’entièreté du fond régional, avant de récupérer il y a moins d’un an les fonds de l’URFOL comprenant les fonds de différentes fédérations, dans une dynamique de revalorisation de l’histoire de la Ligue de l’enseignement et de son rapport au cinéma. L’association fait désormais partie du conseil d’administration de la FAIL 13 fédération des Bouche du Rhône de la Ligue de l’enseignement afin de faire remonter en surface les énoncés culturels au sein des politiques de la Ligue de l’enseignement.
Le travail d’archivage du fond est effectué par Clara et Mika (volontaires en service civique) ainsi que par Justine (stagiaire). Il faut donc s’assurer de la qualité et de l’état des copies, les archiver et les cataloguer. Si ce travail préalable prend du temps, c’est car Dodeskaden compte actuellement à son actif environ 10 000 bobines, soit entre 5 000 et
6 000 films. Clara, Mika et Justine commencent alors par une traversée du fond en répertoriant les titres uniquement afin de savoir ce qu’il y a pour organiser des programmations et des diffusions avec le Labo d’argent, autre collectif partageant leurs locaux avec Dodeskaden.
La structure propose également des ateliers de programmation auprès de centres sociaux et de centres de détention afin de réactiver ce que pouvait être les ciné-clubs par le passé, ainsi que des ateliers de fabrication de film en pellicule.
La pellicule, symbole de l’association, est selon Julien un « moment de l’histoire qui a généré un type d’image ». Le but de ces ateliers est alors de faire remonter la singularité des images suivant les différentes techniques employées en production. En bref, de mettre à disposition des structures sociales une éducation à la création et à la production d’images. Les prochains ateliers sont prévus en février et à Pâques avec le cinéma le Gyptis (13003 Marseille).
Depuis plus d’un an et demi, Dodeskaden a également comme projet la création d’une cinémathèque de l’éducation populaire à Marseille afin de faire émerger un lieu d’éducation à l’image dans la ville. Un colloque sera également bientôt organisé autour de ce que pourrait être un nouveau modèle de cinémathèque.
Julien reste pourtant clair sur un point : la dynamique de l’association n’est pas spécialement de remettre la pellicule à la page, mais plutôt de réinsérer des ciné-clubs dans les écoles et de sensibiliser le public à l’histoire des films du fond, devenus invisibles pour la plupart, et à leur production. L’intérêt n’est d’ailleurs pas tant les films en soit, mais surtout l’histoire des pratiques cinématographiques en remettant à la page l’éducation populaire par l’image et le son. L’éducation à l’image comme pratiqué de nos jours paraît selon lui comme une voie d’approche du cinéma extrêmement restreinte. Les dispositifs actuels ont complètement remplacé les pratiques d’éducation populaire mis en place dans les écoles et privilégie le cinéma d’exploitation (cinéma « classique »), jusqu’à leur donner l’exclusivité. Cela tire malheureusement un trait sur plus de 50 ans de pratiques et plonge dans l’oubli une véritable part de notre histoire. Réinstaurer les ciné-clubs dans les écoles n’est pas chose facile car les cinémas d’exploitation crient rapidement à la concurrence déloyale. Pourtant, l’objectif n’est pas de leur retirer du public, mais au contraire de former les gens à aller au cinéma. Depuis la disparition des ciné-clubs au début des années 90, il y a en effet de moins en moins de monde dans les salles de cinéma, et Dodeskaden s’efforce de pallier ce problème en réactivant cette part de notre histoire. La structure a d’ailleurs pour ambition de mettre en place un lieu de création, de formation et de diffusions de films.
Julien est également co-fondateur du Vidéodrome 2 du Cours Julien. Situé sur le cours, ce ciné-club est une tentative de réactualisation de ce que pouvait être les ciné-clubs par le passé. Avec sa programmation quotidienne, Vidéodrome 2 propose aussi bien des formes singulières du cinéma, comme par exemple le cinéma expérimental, que des cycles patrimoniaux ou des rétrospectives d’auteurs. Loin de diffuser uniquement des films du passé, des jeunes cinéastes viennent également y présenter leurs réalisations. Cette structure « compagnon de route » propose également un bar et un espace de restauration. Véritable acteur de l’économie solidaire, le prix y est libre et donc accessible à tous.
Alors si vous souhaitez passer une soirée sortant quelque peu de vos habitudes, vous pouvez activer votre machine à remonter le temps et aller faire un tour au Vidéodrome 2 afin de passer une soirée autant rétro que sympathique !
Pour plus d’information sur Dodeskaden, vous pouvez aller également faire un tour sur leur page Facebook : https://www.facebook.com/Dodeskaden-1904740213094870/
Pour plus d’information sur la programmation du Vidéodrome 2 : https://www.videodrome2.fr/
Article de Zoé Nayrac, volontaire en service civique à la ligne de l’enseignement.