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RETOUR SUR LE FESTIVAL "LES INSTANTS VIDEO"

Depuis 1988, le festival international Les Instants Vidéo existe en tant que manifestation poétique, ouverte et conviviale, dédiée aux arts vidéo, numériques et poétiques (projections, installations, performances). En parallèle de ce festival, une exposition est présentée chaque année à la Friche Belle de Mai. En ce qui nous concerne, c’est la 3ème année que le service vie associative-culture de la Ligue de l’enseignement F.A.I.L.13 constitue un groupe pour aller visiter l’exposition des Instants vidéo.

Nous sommes le mercredi 10 janvier 2024, nous nous retrouvons dans la cour Jobin de la Friche. Bénévoles, volontaires en service civique, salariées de la Ligue de l’enseignement 13, nous sommes prêts pour une visite dialoguée.

« La poésie n'est pas un luxe. C'est une nécessité vitale. »
Cette phrase d’Audre Lorde a guidé la fabrication de la 36ème édition du Festival. Car en effet la poésie « génère la qualité de la lumière qui éclaire nos espoirs ainsi que nos rêves de survie et de changement, espoirs et rêves d'abord mis en mots, puis en idées, et enfin transformés en actions plus tangibles. La poésie est le chemin qui nous aide à formuler ce qui est sans nom, le rendant ainsi envisageable ».

Tiffanie Taveau, chargée de médiation et de programmation artistique au sein de l’association Instants Vidéo Numériques et poétiques, nous introduit l’exposition en nous questionnant sur ce que nous évoque les termes de poésie et de luxe.

Cette exposition d’art vidéo aurait pu nous faire découvrir 21 installations d'art vidéo… Mais nous devons vous avouer que nous avons plutôt pris le parti d’en découvrir trois tous ensemble (merci pour cette proposition Tiffanie.
La première œuvre qui s’est offerte à nos yeux s’intitule « L’inconnue de la seine ».


Farida témoigne : « Sans en connaître l’histoire, cette œuvre que j’ai trouvé très poétique d’ailleurs, m’a emmenée très loin. A travers le défilé des visages de toutes ces femmes j’y ai vu l’ancestralité, le passage du temps et aussi des histoires atroces de féminicide ! A chaque changement de visage, une couche d’argile recouvrait tout le visage comme une transition et là on y voyait à chaque fois le même visage. C’est ce moment qui me renvoyait dans le passé et donc dans le passage des générations. Une fois l’explication historique de l’œuvre transmise, tout faisait sens ! »

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Anne-Marie complète et nous livre ses propres impressions : « L’inconnue de la Seine : une tête de femme toute blanche qui évolue, se transforme imperceptiblement : la bouche, les yeux, des couleurs, des tâches ... Une femme ? Différentes femmes du monde, toutes les femmes, une femme à différentes époques de sa vie, une femme en proie à des sentiments différents... elle m'intrigue, m'interpelle, m'interroge, me touche, me trouble...
J'avais déjà rencontré l'art vidéo, mais là je me suis vraiment intéressée aux œuvres, à ce qu'elles disent. Le support sert particulièrement le thème de la poésie. Et surtout, la médiatrice nous a permis d'entrer dans le projet de l'artiste. Elle nous a donné le temps de regarder, de nous écouter, de réagir. L'échange entre les personnes du groupe est très important. »

Effectivement, le fait d’avoir un groupe intergénérationnel, avec une diversité des métiers et des engagements, nous permet d’avoir des échanges dans le groupe où les uns nourrissent les autres et vice versa. Farida complète cette idée : « nous faire sortir de notre quotidien est merveilleuse. Avoir la possibilité de visiter des projets culturels de nos associations affiliées nous aide à mieux comprendre les valeurs de la Ligue. »


Une seconde œuvre d’art vidéo, installée à même le sol, nous interpelle :
« Comment ne pas citer l’œuvre où la limace traverse la chaussée ?? L’auteur nous invite à aborder la problématique du temps avec une touche d’humour. Caméra posée au sol, on voit d’abord les pieds de promeneurs se rapprocher de l’objectif. Puis, entre en scène au premier plan la tête d’une limace. Lentement elle va traverser le champ filmé par la caméra. Un sous-titrage relate les échanges entre l’artiste qui filme et le couple de personnes. Ces derniers, intrigués, interrogent l’auteur sur sa curieuse position (allongé au sol on suppose). Il explique alors que filmer cette limace, c’est faire une pause, prendre le temps de voir ce que l’on ne voit pas. Il y a une démarche quasi méditative derrière sa réalisation. Les piétons, eux, sont pressés par une réservation à un restaurant. Ils ne sont pas touchés par ce qu’explique l’auteur. La vidéo terminera en nous apostrophant. « Mais vous, vous comprenez, n’est-ce pas ? » »

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Après la rencontre commune d’une troisième œuvre, chacun et chacune a pu déambuler dans l’espace pour observer, se saisir d’autres œuvres. Si pour certains c’était une réelle découverte de l’art vidéo, pour d’autres, l’expérience se renouvelle chaque année :
« J’ai découvert l’an dernier lors d’une même visite accompagnée aux Instants Vidéos. J’ai été plus sensible aux œuvres présentées et commentées par Tiffanie, qui soit dit en passant est une incroyable médiatrice. Sa façon de nous présenter les œuvres sans nous expliquer ce que l’artiste a voulu dire est très intéressante. Ce qui nous permet d’avoir différents niveaux d’interprétations et des lectures qui ne nous auraient pas traversé l’esprit ! »
Alors, nous vous avons convaincu ? Vous êtes partants pour venir l’année prochaine avec nous ?

« Merci à Tiffanie et à toutes les personnes qui ont permis cette rencontre. »
Pour en savoir plus sur les Instants vidéo :
https://www.instantsvideo.com/blog/archives/category/accueil

Article collaboratif de Farida Nhiri, Auréline Monticone, Anne-Marie Cartron et Clotilde Martin